Où il est question de fiction et de réalité
Des interrogations concernant certains textes publiés sur Rêves de femme qui ont donné lieu sur le forum à des commentaires qui m'ont interpellée.
Faut-il tout publier? Faut-il s'autocensurer? Mais où se situe la limite? Pas évident de faire la part des choses et surtout de déterminer ce qui m'est propre c'est-à-dire ce qui résulte de mes fantasmes, de mes rejets, de mes interdits qui me sont particuliers à moi Christine, de ce qui ne l'est pas. Il est d'autre part hors de question de m'ériger en maître à penser ou en directeur de conscience et encore moins penser détenir la vérité absolue en la matière.
Bien évidemment, il m'est arrivé à hésiter de publier certains textes dont la lecture, pour diverses raisons, me mettait mal à l'aise. La principale raison provient toutefois de ce que, viscéralement, tout en moi rejette
ce qui, physiquement ou psychologiquement, vise à déshumaniser
l'individu et à nier son identité pour en faire une chose (un animal)
servile dénué de toute volonté.
Le rapport D/s, pour ce qui me concerne, n'a jamais été et ne sera
jamais cela en ce qu'il doit permettre au contraire de mettre à jour
(de magnifier) ce que l'on a au plus profond de soi et ainsi retrouver
son unité fondamentale. Mais peut-être que j'idéalise trop cette relation
(c'est ce que me dit mon psy. "Christine vous rêvez trop...") qui au bout du compte se réduit souvent malheureusement à cela, un
simple rapport de force où le "maître" (à tort, bien sûr) se croit tout puissant
et investi, au nom de l'amour qu'il porte à sa soumise (ou plutôt
esclave) et de l'amour qu'elle lui porte, de tous les droits. Alors,
non! L'amour ne justifie pas tout. Il y a d'autres sentiments qui sont
tout aussi importants à commencer par le respect de l'autre et de soi,
le respect de son intégrité physique et psychologique.
Dans le courant de l'année dernière, il y a eu Alain qui,
toutes choses égales par ailleurs, pensait pourvoir me réduire à cet
asservissement et, chose que je n'ai pu accepter et qui sans doute a
sonné le glas de notre relation, déformer mon corps (plus précisément
mes lèvres vaginales en accrochant à mes anneaux vulvaires des poids de
plus en plus lourds) et me marquer "comme on marque le bétail dans les
ranchs" (ce sont là ses propres termes) Le pire c'est qu'il a failli
réussir. On est parfois dans un tel état de dépendance (qu'on qualifie
à tort amour pour faire passer la pilule) qu'on en perd tout sens des
valeurs et des réalités! Malgré tout, il y a toujours eu en moi cette
petite voix qui me disait que se soumettre ce n'était pas cela, ce
n'était pas TOUT accepter dans le simple but de faire plaisir à son
"(pseudo) maître". Avec le recul, c'est ainsi que je le considère, lui qui n'a jamais compris finalement l'essence de la relation D/s qui est avant tout et à tous les niveaux, basé sur l'échange et l'écoute de l'autre.
Chacun, à chaque instant a toujours, j'en suis
intimement convaincue, son libre arbitre qui lui permet si ce n'est de
dire non du moins de se poser la question de savoir "est-ce vraiment
cela que je veux?". J'ai fait part à Alain de mes réticences, il
m'a dit comprendre, ceci étant à partir de là notre relation s'est
effritée et s'est finalement arrêtée.
Comme quoi, elle ne reposait vraiment sur
rien de sérieux!
Pour en revenir au texte qui a suscité ces reflexions (Petit cheval par Bruno), j'ai dit que j'avais hésité, malgré ses
qualités certaines d'écriture, avant de me résoudre à le publier. Mais
il montre aussi, de manière très crue et sans fioritures inutiles, les
extrémités auxquelles une relation D/s mal assimilée peut conduire et
je pense que tout être sensé ne peut qu'éprouver en même temps qu'une excitation un malaise bénéfique à sa lecture.
Ceci étant, ce n'est qu'un texte et nous sommes là dans le pur domaine de la fantasmagorie.
Il est un fait que Rêves de femme a pour but de publier des récits
dont le dénominateur commun est le BDSM qui sont donc loin de pouvoir
être mis sous tous les yeux. L'avertissement à l'entrée du site
informant qu'il est strictement réservé à un public adulte et averti,
n'est pas là uniquement pour faire joli mais correspond à une réalité.
Il est un fait également que cela n'implique pas que tout et
n'importe quoi puisse être publiable. Il n'est en aucun cas pour moi
d'y faire, sous couvert de la liberté d'expression, l'apologie ou de
cautionner des actes hautement répréhensibles d'un point de vue moral
et social tels que le viol, la pédophilie et autres faits tout aussi
abjects.
Pour autant est-ce à dire que cela implique que l'on doive
s'interdire au nom d'un sacro-saint "ordre moral" d'évoquer au travers
d'un récit certains de ces actes ou montrer à quelles extrémités peut
conduire certaines décisions? Ce qui reviendrait à faire un amalgame
réducteur et dangereux entre l'adhésion à ces actes et leur simple
narration. Ou encore à confondre fiction et réalité.
D'autre part, cela signifie-t-il que des textes comme par exemple ceux
de Sade, Apollinaire (je pense aux "11.000 verges" pas à la poésie) ou
ce livre de Roger Peyrefitte "les amitiés particulières" pour ne citer
que ces livres mais la liste est longue sans parler de films,
n'auraient jamais dus être écrits et encore moins publiés.
Toute proportion gardée et pour revenir à notre niveau d'écriture,
cela signifie-t-il qu'un texte frisant l'hérésie et le blasphème comme
celui d'Isa, je pense aux "Tourments de Marie-Laure" qui, dans un autre
registre certes, décrit des situations qui peuvent, pour certains, être
extrêmement choquantes mettant en scène, dans une église, un exorcisme
assez particulier pratiqué par des prêtres sur un jeune bourgeoise fort
chaude, doive être rejeté! Sans parler de tous ces textes où on fouette, encule, pisse et
autres facéties du même style!
Alors vraiment je ne sais pas. Mais je me dis que, plus que ce
qu'on dit, c'est la façon de le dire qui importe. Je me dis aussi qu'en
tant qu'adulte responsable, nous sommes à même faire la part des
choses. Même si je sais que certains sont plus fragiles que d'autres et
moins aptes à faire le distinguo entre fantasme et réalité.
En tout état de cause, il n'est pas question pour moi sur Rêves de
femme de me retrancher frileusement derrière le paravent du
"bien-disant", du "bien-pensant" ou du "bien-baisant". RdF publie et
continuera à publier des récits qui sont pour leur plus grande majorité
hors les normes de la bienséance et peuvent faire dresser les cheveux à
plus d'uns et d'unes (j'en connais dans mon entourage proche!)
J'assume!